POÉSIE
ÊTRE SOI
Moi, je suis exactement comme je suis
et mes folies, jamais je ne les fuis.
Même si je cours au devant des ennuis
mes envies, sans cesse, je les poursuis.
Je suis comme ça, que ça vous plaise ou pas
Je fonce et zappe les préchis-préchas
L'essentiel est de se plaire à soi-même
et pour beaucoup, c'est le coeur du problème
A force de brouter tous dans le même pré
ils sortent plus de leur routine encagée.
Enfermés par leur seul volonté
des uns des autres, on ne peut plus les distinguer.
C'est une cohorte lobotomisée
qui ne cherche même pas à s'évader.
L'essentiel est de se regarder bien en face
et de se dire qu'on est à sa place.
Ça m'ennuie tous ces gens sérieux et poussiéreux
qui ont perdu le sens du merveilleux.
Je préfère remonter sur ma licorne
et échapper au train-train si morne.
Le temps est trop précieux pour s'embêter
j'aime pas les courbettes et la morale réchauffée
L'essentiel est de s'amuser comme des damnés
et d'envoyer balader la banalité
L'essentiel c'est d'être à l'aise dans ses baskets
et d'éviter le chemin des trouble-fêtes
ERRANCES
Je traîne mes haillons cyclothymiques
dans une foule frappée d'inertie
les neurones à plat, en mode survie
clones se suivant tous à l'identique
Puisqu'on ira jamais plus vite que la musique
si on s'arrêtait pour profiter de l'instant unique ?
Moi, je cueille les rêves de passage
je colorie les paysages
Quand le ciel se plombe de mauvais présages
je m'invente un monde sans rage.
Puisqu'on broute tous dans les mêmes pâturages
si on décidait d'arrêter d'être sage ?
Si on inversait la courbe du temps
qu'on retrouve et qu'on garde notre âme d'enfant ?
Qu'on en finisse de tous ces faux-semblants
parce qu'au final, tout est toujours question d'argent !
Puisque nous sommes frères terriens de sang
Si on faisait une ronde autour des continents ?
Retrouver notre verticalité
Redresser la tête, la nuque levée
fuir ces marionnettistes patentés
tourner la tête et partir sans se retourner
Puisque de toute façon, nous n'avons qu'une vie
cédons à l'envi à nos folies.
AVENTURPITUDES
J'avance dans mes haillons de désespoir
cherchant en vain une trouée dans le noir
mais faut pas trop se raconter d'histoire
il n'y a jamais eu d'échappatoire
une fois de plus, je me suis fait avoir
j'ai flingué mon joker en brisant les miroirs.
En r'tard, en r'tard, j'suis en retard
et je me suis trompée de gare
je pars vers mes aventureux hasards
De moi, ne reste qu'un pâle avatar
louvoyant pour éviter leurs radars
en traînant mes squelettes dans leurs placards.
J'ai vu le roi d'pique, un vrai salopard
comme Alice, bu des fioles qui m'ont mise dans le coaltar
J'ai touché des arcs-en-ciel du regard
J'ai même été une reine chez les fêtards
J'ai joué à la star chez des vrais connards
je branchais juste mon cerveau sur leurs sonars.
Mais rien ne dure, ne restent que des brisures
d'une vie et de ses drôles d'aventures
quand je croyais malgré tout au futur
Au final, j'm'en fous, j'suis toujours debout
j'continue à m'enliser dans la boue
J'prends des coups, me courbe sous le vent fou
Mais je suis là envers et malgré tout
La vie m'a appris qu'il faut se mettre à genoux
car les belles pépites se mêlent aux cailloux
et même si c'est pas tous les jours facile
je virevolte du mieux que je peux sur le fil
car je sais que la vie est précieuse et fragile.
DOUX LEURRES
J'ai franchi bien des précipices
sans filet ni artifices
J'ai couru vers tous mes désirs
sans voir les ornières, les abysses
J'ai atteint le jardin des Délices
succombé sans remords à ses plaisirs
J'ai toujours fait fi des sens interdits
au contraire, ces rues là m'attirent
et protégée par ma douce folie
j'étais épargnée des cons et leurs sbires
J'me suis enlisée dans des marais frelatés
me fichant bien des panneaux "attention danger'
Et puis, un jour, comme ça, je suis tombée
Résultat, j'me suis salement amochée
J'entends d'ici ceux qui disent que j'l'ai bien cherché
J'm'en fous, je ne regrette rien des erreurs passées
j'ai pas le temps pour ça car chaque jour, je dois lutter
pour ne pas laisser le chagrin me dévorer
DESGENERESCIENCE
C'est l'heure maudite des ombres grimaçantes sur les murs
quand les stigmates redeviennent abjectes déchirures
sous les mille aiguillons des hideuses tortures
C'est l'heure des rêves factices
le corps dans le caniveau d'une obscure rue
au rendez-vous de tous les inconnus vaincus
Quand la normalité a fermé ses volets
que la vie se joue sans aucun filet
et que l'âme n'est plus que purulentes plaies
C'est l'heure fatale de la cohorte des zéros
quand les yeux ne reflètent que le chaos
d'une vie qui, peu à peu, part en lambeaux
quand les miroirs se sont brisés
en mille éclats de verre acérés
quand les rêves agonisent dans un fossé
et pourtant il faut croire en un autre matin
qui ouvrira la porte sur un beau lendemain
vierge de tout horizon chagrin